de son gigantesque talon. Cette origine est contestée. En tout cas, l’image peint assez vivement le lieu : un cirque aux murailles abruptes, sans autre issue qu’un défilé très vaste, ouvert sur les champs. La plaine, autrement dit, pénètre dans la montagne à la façon d’un golfe terrestre ; elle y taille un cul-de-sac dont les parois à pic s’élèvent à mesure qu’il s’étend et dont le bout s’arrondit largement. Si bien qu’on accède à Fonval sans gravir la moindre pente, de plain-pied, malgré qu’il soit fort avant au sein de la montagne. Le parc, c’est le fond du cirque, et la falaise lui sert de muraille, sauf du côté de la gorge. Celle-ci est séparée du domaine par un mur où s’enchâsse le portail. Une longue avenue la suit, toute droite et bordée de tilleuls. Dans quelques minutes je m’y engagerai… et peu de temps après, je saurai pourquoi nul ne doit me suivre à Fonval. « Viens seul et préviens ! » Pourquoi ces mesures ?
Patience. La masse des Ardennes se découpe en massifs. Au train dont je fuis, chacun paraît en mouvement : rapides, en glissant, les croupes passent les unes derrière les autres, s’éloignent ou se rapprochent, s’abaissent pour monter ensuite avec une majesté de vagues, et le spectacle en varie incessamment comme celui d’une mer titanique.
Un virage démasque une bourgade. Elle m’est bien connue. Jadis, chaque année, au mois d’août, c’est devant cette gare que la voiture de l’oncle, attelée du