les fils de fer, et se hâtait au milieu de l’enclos, la redingote déchirée par les ronces artificielles. Hélas ! il était vieux et lent… Ils arriveraient tous après la Chose… Atroce ! Atroce !
Non ! Cela ne serait pas !
Je me lançai sur la frêle barrière, l’enfonçai, la rompit malgré les petits chevaux de frise qui me lacéraient la peau ; je trouai d’un saut le mur des feuillages…
Le tableau qui s’offrit valait qu’on l’admirât :
Le soleil, à travers la voûte des feuilles, tigrait de lumière le sous-bois. Sur le bord du chemin légèrement creux, je vis Emma étendue, pâle et crispée, dans le retroussis affriolant de ses dessous fanfreluchés. Elle geignait voluptueusement, et sa plainte rauque, féline, m’était trop familière pour que j’hésitasse un instant sur sa nature d’épilogue. Devant elle, debout et plus ahuri que jamais, l’être ignoble ne cachait pas le ridicule de sa virilité assouvie et inoffensive.
Je n’eus pas le loisir d’un plus long spectacle. Entre lui et moi fulgurèrent toutes les étoiles de minuit. D’un tour de sang, j’étais ivre. La colère indomptable me jeta dans cet éblouissant rideau, les cornes en arrêt. Je frappai quelque chose qui tomba, je le foulai de mes quatre sabots, et, retourné sur ma victime, je la piétinai, piétinai, piétinai…
Soudain, la voix de mon oncle, haletante, cria :
— Eh ! mon ami, tu te suicides !…