Page:Renard - Le Docteur Lerne sous-dieu, 1908.djvu/222

Cette page a été validée par deux contributeurs.
218
le docteur lerne, sous-dieu

intrusion et la surveillance de tes actes à laquelle je me suis astreint, — dans quelques jours peut-être j’inaugurerai le transport des personnalités sans intervention chirurgicale.

» J’ai eu l’esprit, figure-toi, de ne pas délaisser la greffe végétale. J’en ai mené très loin tous les développements, et cette école, jointe à mes expérimentations zoologiques, constitue l’étude à peu près universelle de la greffe. C’est la combinaison de cette science avec d’autres sciences qui m’a dévoilé la solution probable. — On ne fait jamais assez de généralités, Nicolas ! Entichés de parcellements, férus d’infiniment petits toujours plus minuscules, nous avons la manie de l’analyse, et nous vivons l’œil rivé au microscope. Dans la moitié de nos investigations, il nous faudrait employer un autre engin, montreur d’ensembles, un instrument de synthèse optique, une lunette synoptique, ou si tu préfères : un mégaloscope.

» Je prévois une découverte colossale…

» Et dire que sans Emma, dédaigneux de finance, je n’en serais pas là, si haut ! L’amour a fait l’ambition qui fait la gloire !… À ce propos, mon neveu, tu as bien failli endosser les traits du professeur Frédéric Lerne : oui ! elle t’adorait d’une si belle ardeur, mon bonhomme, que j’ai songé à me travestir de ton aspect afin d’être aimé à ta place ! Cette revanche eût été la meilleure… et piquante à souhait ! Mais j’ai encore besoin, pour quelque temps, de ma dégaine antique ;