» Un obstacle m’arrêta : l’emploi du pédicule étant impraticable, il arriva que le corps et le cerveau, une fois séparés, succombaient l’un ou l’autre, ou tous les deux, avant d’avoir été mis en contact avec leurs nouveaux compagnons.
» Mais ici encore les faits m’enhardissaient.
» En ce qui concerne le corps :
§ Un animal vit très bien avec un seul lobe cérébral. Tu as vu tournoyer un pigeon privé des trois quarts de son encéphale.
§ Souvent des canards décapités volent au loin, à des cent mètres du billot où leur chef demeure, tranché.
§ Une sauterelle a vécu sans tête pendant quinze jours. Quinze ! C’est une expérience avérée.
» En ce qui concerne l’organe, il y avait les constatations déjà citées.
» Cela me portait à penser que le cerveau et le corps, traités convenablement, devaient pouvoir vivre, chacun de son côté, les quelques minutes de séparation indispensables au travail.
» Quoi qu’il en fût, les lenteurs de la trépanation me provoquèrent, dans le principe, à échanger, non les cervelles, mais les têtes, sachant de Brown-Séquard qu’une tête de chien étant injectée de sang oxygéné avait survécu un quart d’heure à la décollation.
» De cette époque datent des êtres hétéroclites : un âne à tête de cheval, une chèvre à tête de cerf, que