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le docteur lerne, sous-dieu

du pavillon de gauche, et je fus déposé, sous la salle aux appareils, dans une sorte de buanderie, nue autant qu’un sépulcre et pavée du haut en bas de carreaux blancs. Un rideau de grosse toile, suspendu à une tringle par des anneaux, la partageait en deux réduits d’égale dimension. L’atmosphère en était pharmaceutique. Il y faisait très clair. On avait dressé contre la muraille un petit lit de sangle que Lerne me signala en disant :

— Ta couverture est faite depuis longtemps, Nicolas…

Puis mon oncle donna des instructions en allemand. Les deux aides, m’ayant délié, me déshabillèrent. Inutile de résister.

Quelques minutes après, j’étais confortablement couché, les draps au menton et bordé serré. Johann me veillait, seul, à califourchon sur un escabeau, l’unique ornement de ce lieu dont j’interrogeai l’austérité.

Le rideau, tiré d’un côté, laissait voir une autre porte à deux battants, celle de la cour. En face de moi, dans la baie, je voyais s’étager mon ami le sapin…

Ma tristesse augmenta. J’avais la bouche mauvaise, comme si elle eût dégusté sa prochaine décomposition. Oh ! dire que tout à l’heure, la dégoûtante chimie préluderait peut-être !…

Johann jouait avec un revolver et m’ajustait à