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le docteur lerne, sous-dieu

Et mon oncle répondit :

Alas ! Nell’is dead !

Poor Nelly ! fit M. Mac-Bell.

Si cancre que je fusse, je savais assez d’anglais pour traduire ce dialogue de manuel élémentaire. Le mensonge de Lerne m’indigna : oser soutenir que Nelly était morte ! que cette voix n’était pas la sienne ! Quelle imposture ! — Ah ! pourquoi n’ai-je pas crié à ces gens flegmatiques : « Arrêtez ! vous êtes bafoués ! il y a ici je ne sais quoi de terrible… » Oui, mais voilà : je ne savais quoi…, les Mac-Bell m’auraient pris pour un autre dément…

Cependant la rosse de louage trottinait vers le portail où Barbe se tenait, prête à le refermer. Doniphan s’était rassis. En face de lui, MM. Mac-Bell père et frère gardaient leur dignité compassée, mais, comme la voiture tournait dans la porte, je vis le dos paternel, subitement voûté, frémir plus que de raison aux cahots des pavés…

Les vantaux séniles et geigneux s’emboîtèrent.

Je suis sûr que M. Mac-Bell frère n’aura pas sangloté beaucoup plus tard.


Johann et Wilhelm s’en furent.

Allaient-ils me soulager de leur compagnie ? Je les « filai » le long de la pâture jusqu’au laboratoire. Nelly continuait ses lamentations ; ils voulaient probablement lui imposer silence. En effet, elle se tut dès