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le docteur lerne, sous-dieu

Je te confie la maison ! lança-t-il d’un ton enjoué…

Et il me donna une franche poignée de main.

Mon oncle se gaussait-il de moi ? La belle souveraineté sous la férule de deux surveillants !

On monta dans le break. Devant : Karl et la malle. Derrière : Lerne et l’aliéné faisant vis-à-vis aux Mac-Bell lucides.

La portière claquait déjà, lorsque Doniphan se dressa d’un jet, avec un visage d’épouvante, comme s’il entendait la Mort aiguiser sa faulx : — un long hurlement, reconnaissable entre tous, montait du laboratoire… Le fou en indiqua la direction et répondit à Nelly par un cri bestial, prolongé, dont l’horreur nous fit tous pâlir…, nous en attendions la fin à l’égal d’une délivrance.

Lerne, l’œil énergique et le verbe cassant, ordonna :

Vorwärtz ! Karl ! Vorwärtz ! — et, sans ménagements, d’une bourrade, il repoussa son élève sur la banquette.

La voiture s’ébranlait. Le fou, tapi contre son frère, le regardait d’un air égaré, sous le coup, semblait-il, d’un malheur incompréhensible.

L’effrayant Inconnu se rappelait à moi. Il rôdait aux alentours, de plus en plus proche ; cette fois, je l’avais senti me frôler.

Au loin, les hurlements redoublaient. Alors, dans le break en marche, M. Mac-Bell père s’exclama :

Ho ! Nelly ! where is Nelly ?