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le docteur lerne, sous-dieu

nait à mes yeux de Lerne maître de ma maîtresse, goûtant l’effusion de son étreinte et le stupre de ses envies avec des perfectionnements qui en doublaient la succulence.

J’essayai de sortir, une fois, afin de marcher dans la nuit fraîche et d’y exténuer mon corps comme une bête forcée, jusqu’aux abois du porc sauvage… Les portes du bas étaient fermées.

Ah ! Lerne me gardait bien !

Pourtant, l’imprudence que j’avais commise en lui révélant ma découverte de Mac-Bell n’avait eu d’autre suite apparente qu’une recrudescence de son amitié. Lors de nos promenades, plus fréquentes, il semblait se complaire de plus en plus à ma société, s’efforçant d’atténuer la rigueur de ma vie espionnée et de me retenir à Fonval, soit réellement pour se préparer un associé, soit pour conjurer les risques d’une évasion. Ses prévenances m’excédaient. Ce fut la période où, sans avoir l’air d’être surveillé, je le fus davantage. Mes journées se trouvaient remplies à l’encontre de ma volonté. L’impatience me rongeait. Et, ne sondant que la profondeur de l’amour et celle du mystère interdits tous les deux, je ne remarquais pas que, dans la pratique, — alternative grotesque ! — si l’amour m’appelait sous la plastique d’une jolie femme inaccessible, le mystère, lui, m’attirait aussi impérieusement, représenté surtout par un vieux soulier non moins inabordable.