— Colossal ! Nicolas ! je te le répète : prodigieux, cet automobile ! Une bête ! Une véritable bête organisée… la moins imparfaite peut-être !… Et qui sait jusqu’où le progrès la haussera ?… Une étincelle de vie là-dedans, un peu plus de spontanéité… une bribe de cerveau… et voilà la plus belle créature de la terre ! oui, plus belle que nous dans un sens, car, souviens-toi de ce que je t’ai déjà dit : elle est perfectible et immortelle, vertus dont l’être physique de l’homme est piteusement dénué…
» Tout notre corps se renouvelle presque entièrement, Nicolas. Tes cheveux (pourquoi diable parlait-il toujours de cheveux ?) tes cheveux ne sont pas les mêmes que l’an dernier, par exemple. Mais ils repoussent moins bruns, plus vieux, et décimés ! alors que l’automobile, lui, change ses organes à volonté, et se rajeunit, chaque fois, d’un cœur tout neuf, d’un os tout frais, établis avec plus d’ingéniosité ou de résistance que n’étaient les organes primitifs.
» Ainsi, dans mille ans — voiture à Jeannot — un automobile, sans avoir discontinué de s’améliorer, sera jeune autant qu’aujourd’hui, s’il s’est régénéré en temps opportun, morceau par morceau.
» Et ne va pas dire : « Ce ne sera plus le même puisque ses parties seront toutes remplacées ». Si tu m’objectais cela, Nicolas, que penserais-tu donc de l’homme, qui, durant cette course à la mort qu’il appelle sa vie, est soumis à des transforma-