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le docteur lerne, sous-dieu

Le train stoppait.

Quand Lerne me toucha l’épaule, je m’évertuais en efforts imposteurs à visser un boulon parfaitement bloqué.

— Nicolas !…

Je tournai vers mon oncle une trogne de charbonnier, aussi hargneuse que je pus la faire.

— Je termine tout juste, marmottai-je. C’est joliment malin, ce que vous avez trouvé là !… Faire travailler le monde pour rien !…

— Est-ce que cela remarche ?

— Oui ; je viens d’essayer. Vous voyez bien que le moteur fume…

— Désires-tu rajuster au carburateur les fragments que j’ai enlevés ?

— Gardez-les en souvenir de cette bonne journée, mon oncle !… Allons, en voiture ! J’en ai assez, moi, d’être là !…

Frédéric Lerne était contrarié.

— Sans rancune, eh, Nicolas ?

— Sans rancune, mon oncle…

— J’ai mes raisons, tu sais. Plus tard…

— À votre aise. Si vous me connaissiez, pourtant, vous seriez moins sur vos gardes… Mais votre conduite d’aujourd’hui s’accorde avec nos conventions. Je serais mal venu à m’en plaindre.

Il fit un geste évasif.