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le docteur lerne, sous-dieu

ravir leur animosité, Nelly, elle, incapable de déguiser la sienne, ne manquait pas une occasion de grommeler contre l’Allemand ; et ce n’était à mes yeux que le moindre témoignage d’une situation orageuse. Mais ton oncle ne voyait rien, et je n’osais troubler son bonheur par mes jérémiades. Je ne l’osais pas… et, d’un autre côté, cette rivalité n’avait rien pour me déplaire. Malgré toutes mes promesses à Lerne de vivre sagement, le désir jaloux de ces deux adversaires finissait par m’émouvoir, et je ne savais quel dénouement allait survenir, quand notre sort changea brusquement.

» Il y avait un an que nous étions là. Voici donc quatre ans…

— Ah ! Ah ! m’écriai-je.

— Quoi donc ?

— Rien, rien ! Poursuis !

— Voici donc quatre ans. Doniphan Mac-Bell partit pour l’Écosse, afin de passer quelques semaines de congé près de ses parents. Le lendemain même de son départ, au matin, Lerne me quitta : — « Je vais, me dit-il, à Nanthel, avec Klotz ; nous y resterons toute la journée ».

» Le soir, Klotz revint seul. Je m’enquis de Lerne auprès de lui. Le professeur avait appris, paraît-il, d’importantes nouvelles exigeant une visite à l’étranger, et serait absent une vingtaine de jours. — « Où est-il ? » demandai-je encore. » — Klotz hésita et ré-