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le docteur lerne, sous-dieu

chez toi… adieu le platonique ! À t’entendre jusqu’ici, jamais je n’aurais cru ça, mais il n’y a plus de saints, on n’offre pas à une femme de l’entretenir pour l’amour de l’art… »

» Cependant la bonté de Lerne, son rang, sa renommée, un certain chic… indéfinissable, augmentaient ma reconnaissance, en faisaient une espèce d’affection, saisis-tu ? et j’acceptai volontiers sa proposition, avec les suites dont j’étais assurée.

» Eh bien, pas du tout ! Il y avait encore un saint : lui. Une année entière, il ne m’a pas touchée.

» Je l’avais suivi en secret. L’idée qu’Alcide pouvait me retrouver m’empêchait de dormir. — « N’aie pas peur, dit Lerne, je ne suis plus chirurgien de l’hôpital ; je vais travailler à des découvertes ; nous allons habiter la campagne, et personne ne viendra t’y chercher ».

» En effet, il m’a tout de suite amenée ici.

» Ah ! il fallait voir le château et le parc ! Jardiniers, domestiques, voitures, cheval… rien n’y manquait. J’étais heureuse.

» Quand nous sommes arrivés, des ouvriers terminaient les annexes de la serre et le laboratoire. Lerne surveillait les travaux. Il plaisantait constamment et répétait : « Va-t-on bien travailler là-dedans ! Va-t-on bien travailler ! » du même ton que les écoliers s’écrient : « Vivent les vacances ! »

» On meubla le laboratoire. Beaucoup de caisses y