été notre apanage et résultent d’habitudes plus complexes que celles de l’instinct.
La musique s’éteignit dans le vent apaisé. La chienne s’assit, leva les yeux et me vit… Sacrebleu ! elle allait aboyer, donner l’alarme !… Pas du tout. Elle me regardait sans crainte ni colère, avec des yeux… dont je ne perdrai jamais le souvenir. Puis, hochant sa grosse tête embroussaillée, elle se prit à gémir doucement, doucement, sa patte décrivant des manières de gestes. Ensuite elle reprit sa ronde, toujours en murmurant et en coulant vers moi des regards furtifs, comme si elle avait désiré se faire comprendre sans attirer l’attention des Allemands. (Il va de soi que ceci est une simple tournure descriptive, mais on aurait pu, tout de même, s’imaginer que la chienne voulait parler, tellement sa plainte modulée variait ses inflexions, émettant presque le rudiment d’une longue phrase gutturale, uniforme et confuse, où revenait sans cesse : « aicboual, aicboual ». Le tout faisait un gros gargouillis… un peu comme des mots anglais mal articulés.)
L’entrée en scène des trois aides interrompit le phénomène. Ils traversèrent la cour, et tous les chiens, Nelly en tête, se mirent à l’abri. Wilhelm, en passant, lança par-dessus la grille du chenil un morceau de viande écorchée, velue, auquel tenait le corps du singe. Cela retomba lourdement ; cela était mort. Les Allemands s’introduisirent dans le pavillon de droite, dont la cheminée fuma bientôt.