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le docteur lerne, sous-dieu

étage unique et à son rez-de-chaussée. Il me parut n’être que la superposition de deux vastes salles. Je ne voyais que la plus haute, meublée d’un matériel compliqué : armoire d’apothicaire, tables de marbre chargées de ballons, de fioles et de cornues, écrins ouverts sur des jeux d’instruments polis, et deux appareils indescriptibles, de verre et de métal nickelé, dont l’aspect ne rappelait rien d’analogue, sinon peut-être, vaguement, les sphères vissées sur un pied, où les garçons de buvette rangent leur torchon.

L’autre pavillon, trop loin pour que je pusse l’observer, affectait les dehors d’une habitation ordinaire, évidemment celle des trois aides.

Mais ce que j’avais pris pour une cour de ferme, le jour de mon arrivée, retint toute mon attention.

Triste basse-cour ! Les murs en étaient garnis de compartiments grillagés et inégaux qui s’échafaudaient les uns sur les autres jusqu’à hauteur d’homme. Dans ces loges, surmontées chacune d’un écriteau, des lapins, des cobayes, des rats, des chats, et d’autres animaux que je ne pouvais spécifier à cause de l’éloignement, remuaient dolemment, ou restaient couchés, à demi blottis sous la paille. Une litière, cependant, frétillait ; mais je n’en vis point la cause, — une nichée de souris, je présume.

La dernière cage, à droite, servait de poulailler. Contre la coutume, on y avait coffré la volaille.

Tout cela muet et mélancolique.