Page:Renard - Le Docteur Lerne sous-dieu, 1908.djvu/126

Cette page a été validée par deux contributeurs.
122
le docteur lerne, sous-dieu

d’avoir enregistré par l’orteil quelque madrigal pédestre et fourvoyé, il arrêta sur-le-champ que Mlle Bourdichet se trouvait souffrante et prendrait à l’avenir ses repas dans sa chambre.

Du coup, deux passions accaparèrent ma pensée sous le double besoin d’engendrer chez autrui la douleur et le plaisir : la haine de Lerne et l’amour d’Emma. Et je me résolus aux pires intrépidités pour les satisfaire toutes deux.

Justement, ce même jour-là, mon oncle me dit à brûle-pourpoint qu’il souhaitait m’emmener, le lendemain, à Nanthel, où il avait à faire.

J’entrevis l’occasion de me soustraire à sa surveillance. Ce lendemain, un dimanche, Grey célébrait sa fête patronale : j’en saurais profiter.

— Avec plaisir, mon oncle, répondis-je. Nous partirons de bonne heure, à cause des pannes possibles.

— J’aimerais mieux aller en automobile à Grey, et là, prendre le train de Nanthel… Le transport serait plus sûr…

Cela m’arrangeait admirablement.

— Soit, mon oncle.

— Le train part de Grey à huit heures. Nous reviendrons dans celui de cinq heures quatorze ; il n’y en a pas avant.

*

En arrivant au village, nous entendîmes une rumeur