Revenu furtivement sur mes pas jusqu’au salon, j’écoutai, l’oreille au battant, pour distinguer de quel côté les deux fâcheuses se dirigeraient. Mais, tout à coup, je reculai au milieu de la pièce, éperdu, cherchant un abri, un paravent… faisant des mouvements de noyé, la gorge grosse de clameurs retenues…
Une clef farfouillait la serrure.
La mienne ? Ma clef, oubliée sur la porte et subtilisée pendant mon absence ? Nullement, elle était ici, la mienne, bossuant ma veste, dans ma poche. Je l’y avais mise en rentrant.
Alors ?
La poignée vert-de-grisée tourna lentement. On allait s’introduire… Qui ? Les Allemands ? Lerne ?
Emma.
Emma, qui ne put voir qu’une chambre déserte. Un des grands rideaux damassés remuait peut-être, — remuait comme on tremble. Elle ne vit pas.
Barbe se tenait en arrière. La jeune femme lui parlait à mi-voix :
— Reste là et surveille le jardin. Fais ce que tu as fait l’autre jour, c’était bien. Dès que le vieux sortira du laboratoire, préviens-moi en toussant.
— Ce n’est pas lui qui m’inquiète, répondit Barbe visiblement effrayée, il a confiance, à cette heure, je vous dis ; nous ne le reverrons pas avant ce soir. Quant au Nicolas, c’est une autre paire de manches… Voyez-vous qu’il s’amène !…