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le docteur lerne, sous-dieu

Et maintenant, aux aguets, l’œil à la serrure de la chambre jaune.


Le trou est large. Il fait à ce que je vois un cadre en forme de meurtrière, par où siffle une aigre bise. Et quel est le tableau ?

La chambre est obscure. Laminé à travers les persiennes, un rayon de soleil, oblique, semble étayer la fenêtre de son faisceau éblouissant où vaguent des poussières comme gravitent les mondes. Sur le tapis, les lamelles des volets dessinent leur projection. Dans l’ombre : un taudis, le bouge d’un bohème. Çà et là, quelques habits. Par terre, une assiette avec des rogatons, et, tout près d’elle, une immondice… On dirait plutôt la tanière d’un reclus. Le lit… Ah ! ah ! qu’est-ce qui a bougé ?

Le voilà, le séquestré !

Un homme.

Il est couché sur le ventre parmi la pagaïe des oreillers, du traversin et de l’édredon, la tête appuyée aux bras qui se croisent. Il n’a pour vêtement qu’une chemise de nuit et un pantalon. Sa barbe, longue de plusieurs semaines, et ses cheveux — assez courts — sont d’un blond presque blanc.

J’ai déjà vu cette figure-là… Non. Depuis le cri de l’autre nuit, c’est une marotte… Je n’ai jamais vu ce visage bouffi et barbu, ce corps replet, je n’ai pas rencontré ce jeune homme gras… jamais… Son œil paraît