Une heure de liberté m’était indispensable. Je combinai ce stratagème :
Le lendemain, je me rendis en automobile à Grey-l’Abbaye et j’y achetai différents objets de toilette que je cachai sous un buisson de la forêt, non loin du parc.
Le surlendemain, au déjeuner, Emma et Lerne m’entendirent :
— Je vais à Grey cette après-midi. J’espère y trouver certains articles dont j’ai grand besoin. Sinon, je pousserai jusqu’à Nanthel. Vous n’avez pas de commissions à me donner ?
Par bonheur ils n’en avaient pas ; tout aurait manqué.
De cette façon, une sortie de quinze minutes me permettait de rapporter du buisson mes emplettes, comme si j’avais été les quérir au village. Or, on pouvait évaluer à une heure un quart la durée du trajet de Fonval à Grey et retour, additionnée au temps de fouiller l’épicerie et la mercerie. Donc, je disposais d’une heure. Ce qu’il fallait démontrer.
Je sors, laisse ma voiture dans un fourré, non loin de la cachette du buisson, puis je rentre dans le jardin par le mur, — le lierre d’un côté, une treille de l’autre simplifient la prouesse.
En rasant le château, je parviens au vestibule.
Me voilà dans le salon, la porte soigneusement refermée derrière moi. En cas de fuite, je crois toutefois prudent de ne pas tourner la clef.