Ses invectives gutturales sonnaient au silence nocturne.
Le chien se ramassa sur lui-même. Il allait bondir, quand Lerne, à bout de ressources, le menaça d’un revolver et, de l’autre main, lui indiqua une direction à suivre.
Il m’est arrivé de voir, en des tirés, un chien qu’on met en joue s’enfuir devant le fusil, dont il sait le pouvoir meurtrier. En face d’un pistolet, la chose me parut moins banale. Nelly avait-elle jadis éprouvé l’effet de cette arme ? c’était plausible, mais je crus surtout qu’elle avait mieux compris l’anglais — parler de Mac-Bell — que le revolver de mon oncle.
Elle s’apaisa comme à la voix d’Orphée, se fit toute basse et, la queue aux jambes, enfila le chemin des bâtiments gris que Lerne désignait. Lui, courut sur les pas de la chienne, et l’ombre les engloutit.
Au fond de mon horloge, l’impérissable Moissonneur faucha plusieurs minutes.
Dans le lointain, des portes claquèrent bruyamment.
Puis Lerne rentra.
Rien de plus.
Donc, il y avait à Fonval deux êtres jusqu’alors insoupçonnés : Nelly, dont l’aspect minable ne prouvait guère qu’elle y fût heureuse, Nelly, abandonnée sans doute par son maître dans une fuite précipitée, — et le mauvais plaisant. Car celui-ci, raisonnablement, ne