Page:Renard - Le Docteur Lerne sous-dieu, 1908.djvu/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.
96
le docteur lerne, sous-dieu

Nous passions près de la fenêtre, quand Lerne me toucha l’épaule et me dit tout bas, de l’accent chevrotant dont riaient, je pense, les Satyres :

Ach ! voilà Jupiter qui fait des siennes !

Et il m’indiquait dans la prairie, au milieu de son harem, le taureau debout et lubrique.

Au salon, mon oncle avait déjà repris sa mine rébarbative. Il enjoignit à Emma de monter dans sa chambre, et m’ayant donné quelques livres, il me conseilla sur un ton catégorique d’aller m’instruire à l’ombre de la forêt.

Je n’avais qu’à obéir. « Bah ! me dis-je, pour m’exhorter à la soumission, il est à plaindre par-dessus tout… »

Ce qui se passa la nuit d’après refroidit notablement cette pitié.

Le fait me troubla d’autant plus que, loin de paraître concourir à l’éclaircissement du secret, il semblait par lui-même incompréhensible.

Le voici :

Je m’étais endormi paisiblement, l’esprit occupé d’Emma et des riants espoirs qui s’y rattachaient. Cependant le sommeil, au lieu de m’apporter quelque fantasmagorie impudique et divertissante, ramena les absurdités de l’autre nuit : les plantes mugissantes et