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LA MÈCHE DE CHEVEUX

se sont gratté la tête et curé le nez. Je passe un vilain quart d’heure d’insensibilité. Il est possible que mon éducation sentimentale n’ait pas été assez soignée. Le sens de certains raffinements m’échappe. Je volerais la bourse d’une femme, plutôt qu’un de ses vieux gants ou son mouchoir sale, et, si je me jetais à ses pieds pour les lui baiser, j’embrasserais, en cachette, mon poing.

Cependant je n’oublie pas de me dire que ma bonne amie est gentille, adorée. Elle s’est coupé cette mèche dans une excellente intention. C’est presque un sacrifice de sa part, et, si j’y prenais goût, si j’en redemandais, elle en ferait vite une calvitie. Soit encore ! mais il me faut noter simplement mon impression dans toute sa grossièreté : ces cheveux-là me dégoûtent ! Tout à l’heure, je les portais, en les tenant à distance, comme une ordure dans du papier. Les voilà qui gisent au creux des « Fleurs du mal » ! Je ne les ra-mas-se-rai pas !