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LE COUREUR DE FILLES


et se tordait au creux de ses épaules maigres. Le bras de Leroc pendait misérablement. On le tâtait, on lui disait :

— Fais donc voir, montre donc ; mon pauvre vieux, comment diable as-tu fait ton coup ?

Mais, à chaque attouchement, il se débattait avec des plaintes rauques.

— Laissez-moi. Allez-vous me laisser.

Toute la nuit, il gémit à lui seul comme un orchestre d’instruments à vent. Un instant, il se calmait et d’une voix enfantine expliquait l’aventure :

— J’ai d’abord voulu tirer, et puis je n’ai plus voulu, et en même temps que j’ai tiré, je me suis retenu. Enfin je ne sais pas !

Honteux de sa maladresse, incapable de supporter sa douleur avec courage, il refusait les soins, surtout ceux de Pierre, qu’il n’était pas loin de considérer comme son assassin. Les deux sœurs s’étaient levées, et, blanches, grelottantes comme si on les eût trempées dans