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LES PETITES BRUYÈRES

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On voit par les rues des choses orgueilleusement peintes. Elles se font en outre remarquer par une allure interjectionnelle, selon le mot d’Edgar Poe, c’est-à-dire, sans doute, qu’elles sautillent sur le trottoir comme des points d’interjection dans un vers de théâtre. Quand elles baissent la tête, ce qui ne leur arrive jamais, on s’aperçoit que ces choses sont des femmes. Elles ont sous le nez un trait éclatant et dur : c’est leur bouche. Mais il semble plutôt que ce soit une fente de tirelire. Il suffit d’y jeter un louis qui tombe sur le cœur, sensible comme un pèse-lettres, pour avoir aussitôt un petit flacon d’amour bien imité et ressemblant à s’y méprendre à de l’amour de femme honnête, et, par là, elles méritent de manger leur pain quotidien et le nôtre.