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LES JOUES ROUGES

de ses doigts. Il s’amusait de ses récits enfantins, et le tenait éveillé par d’intimes confidences et des histoires de cœur.

Tout de suite, il l’avait chéri pour la tendre et transparente enluminure de son visage, qui paraissait éclairé en dedans. Ce n’était plus une peau, mais une pulpe, derrière laquelle, à la moindre variation atmosphérique, par exemple, s’enchevêtraient visiblement les veinules, comme les lignes d’une carte d’atlas sous une feuille de papier à décalquer. Marseau avait d’ailleurs une manière séduisante de rougir sans savoir pourquoi et à l’improviste, qui le faisait aimer comme une jeune fille. Souvent, un camarade pesait du bout du doigt sur l’une de ses joues et se retirait avec brusquerie, laissant une tache blanche, bientôt recouverte d’une belle coloration rouge, qui s’étendait avec rapidité, comme du vin dans de l’eau pure, se variait richement et se nuançait depuis le bout du nez rose jusqu’aux oreilles lilas. Chacun pouvait opérer soi-même,