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— Il fait délicieux !

— Oui, répond l’autre, il fait délicieux.

Or, ce soir, comme les Bornet vont rejoindre les Navot pour la promenade accoutumée, Mme Bornet fixe un point de la Marne et dit :

— Par exemple !

M. Bornet qui ferme la porte à clef se retourne :

— Quoi donc ?

— Mâtin ! reprend Mme Bornet, ils ne se refusent plus rien, nos amis. Ils ont un bateau à vapeur.

— Fichtre ! dit M. Bornet.

C’est vrai. Sur la rive, dans l’étroit garage réservé aux Navot, on distingue un petit bateau à vapeur, son tuyau noir qui luit au soleil, et les flocons de fumée qui s’échappent. Déjà installés, M. et Mme Navot attendent et agitent un mouchoir.

— Très drôle, ma foi ! dit M. Bornet pincé.

— Ils veulent nous éblouir, dit Mme Bornet avec dépit.

— Je ne les savais pas aussi cachottiers, dit M. Bornet. Pour ma part, je n’aurais jamais acheté un bateau à vapeur tout seul, sans eux. Fiez-vous aux amis. Enfin ! Je remarquais, ces temps derniers, qu’ils avaient l’air chose. Parbleu, c’était ça.

— Si nous n’y allions point ?

— Ce serait excessif. Mais puisqu’ils manquent de délicatesse, ne leur donnons pas la joie de nous surprendre. Restons indifférents.

— Bien petit, leur bateau à vapeur, dit Mme Bornet. À peine plus grand que l’autre. Comment le trouves-tu ?

— Oh ! de loin, un bateau à vapeur produit forcé-