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La maîtresse de maison dit : « Voilà une folie. »

Le second apportait un bouledogue trapu, à mâchoires proéminentes. Il était en caoutchouc, coûtait dix-neuf sous, et quand on lui tâtait les côtes, il pépiait comme un oiseau.

La maîtresse de maison dit : « Encore une folie ! »

Le troisième n’apportait rien ; mais du plus loin qu’elle le vit entrer, la maîtresse de maison s’écria : — Je parie que vous avez fait des folies ! venez çà, vite, que je vous gronde !

III

Au dîner, dès le potage, la maîtresse de maison dit :

— Un peu ? non, vrai ? Vous ne faites pas honneur à la cuisinière. Je suis désolée. Vous savez : il n’y a que ça.

Le premier des trois répondit : « Mâtin ! »

Le second : « Je l’espère bien. »

Le troisième : « Je voudrais voir que ce ne fût pas tout. »

Ensuite les plats défilèrent comme il est prescrit, s’épuisant à calmer les faims.

IV

Après avoir mangé, chacun comme quatre, et tous comme pas un, les trois amis dirent parallèlement :

Au dessert assorti : « Soit, pour finir mon pain. »

Aux liqueurs circulantes : « Jamais d’alcool ; mais du moment que cela vous fait plaisir ! »