Page:Renard - La Lanterne sourde, Coquecigrues,1906.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans cet état. Prenez la perche. Débouchez. Ne manquez pas d’éteindre le bec. (La bonne sort.)

Madame. — Aère, mon ami, je t’en supplie.

Monsieur. — Oui, de l’air ! ouvrons. Ce plafond devrait s’enlever comme un couvercle.

Madame. — Qu’est-ce que tu fais ? Tu ouvres l’armoire !

Monsieur. — Oui, l’armoire aussi. Je veux tout ouvrir. Ça empeste ici les fleurs crevées.

Madame. — Qu’est-ce que j’aperçois caché au fond de l’armoire ?

Monsieur. — Un morceau de Champigny que j’ai arraché à ces affamés, sauvé pour notre déjeuner de demain.

Madame. — Tu exagères. Nous ne recevons pas des moineaux.

Monsieur. — Si nous ne recevions rien du tout. À propos, pourquoi recevons-nous ?

Madame. — Tu le prends sur ce ton, ingrat ! La semaine dernière, nos initiales paraissaient dans un journal.

Monsieur. — Certes, on gagne gros à être connu.

Madame. — Avoue que nos soirées sont suivies.

Monsieur. — Preuve : les cabinets bouchés. Mais as-tu observé que souvent des gens perdent notre piste ?

Madame. — D’autres les remplacent, et mardi prochain nous verrons… Il me l’a promis… Par exemple, j’ai couru pour l’avoir. Je l’annoncerai. On fera queue… Mais je te réserve la surprise.