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— Je ne fume pas, mon ami.

Avril sortit dans la, cour, grave, ému, plein de pitié pour ce malheureux, qui n’avait plus conscience de son état.

— Je ne le trouve guère terrible, le pauvre ! Mais quelle serrure ! Pourquoi ne braque-t-on pas un canon sur la porte ?

Il leva la tête. Toutes les fenêtres de la prison semblaient des yeux clos. Son amicale causerie avec le condamné l’avait aguerri. Il portait son fusil, machinalement, la pointe en bas, confiant, léger, siffleur.

Il allait trouver le ciel pur, les étoiles brillantes, et songer, selon la coutume, au village natal, à l’amie, quand il frissonna.

On s’agitait quelque part !

Il ne perçut d’abord que des coups sourds, espacés, très lointains, comme frappés sur des planches pourries, par un marteau enveloppé dans du linge. Bientôt il sentit ses oreilles matériellement s’agrandir et s’affola, incapable même de crier son épouvante.

III

Au vacarme de la cloche, toute la prison s’éveilla. Le caporal accourut suivi de ses hommes.

— Eh ben ! quoi ?

Avril gisant à terre ne répondit pas.

— À la cellule ! ordonna Mélinot.

Le condamné, qui s’était couché et commençait de sommeiller, dit avec un bâillement :