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LA MERVEILLE
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importe aussi peu d’écouter avec l’œil que de marcher sur les mains.

» Vous avez raison, Lebris. Attendez, cependant.

» Vous n’ignorez pas que les cinq sens de l’homme ne sauraient prétendre à lui donner la perception totale de la matière en ses états différents. Cinq sens ! Il en faudrait peut-être cent, peut-être mille, pour prendre connaissance de tout ce qui existe ! La Nature s’enveloppe d’un grand nombre de voiles. Jusqu’ici, l’homme n’en a soulevé que cinq, — ceux que soulevait déjà l’ancêtre des cavernes. Les autres voiles, que cachent-ils ?

» Ils cachent certaines qualités de la matière pour lesquelles nous n’avons pas d’organe percepteur, dont la raison seule nous fait présumer l’existence et dont rien ne peut nous faire soupçonner le caractère, parce que nos sens ne les perçoivent jamais, même indirectement par échos ou reflets.

» Ils cachent aussi certaines autres qualités pour lesquelles nous ne possédons pas non plus de sens approprié, mais qui pourtant se révèlent à nous quelquefois,