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L’HOMME TRUQUÉ

pèrent mes oreilles. Ils étaient deux qui conversaient. L’un ne faisait qu’acquiescer, et répétait : « So ! So ! » à tout bout de champ. — « Français », « yeux », voilà qui semblait se rapporter à moi… Mais que venait faire là dedans cette somme de « trois mille marks » ?

» — Da ist der Kamerad ! fit l’une des deux voix.

» Et, avec un accent épouvantable, on me dit en français :

» — Gomment êdes-fus, mon fieux ? Nus allons fus gontuire en pon blace. Also, also, fus serez pien quéri… Fus ne bufez bas barler ! Ach ! Sehr gut !… Ludwig, och !

» Le contentement faisait ricaner cet homme. En un instant, je fus bâillonné et garrotté. On me transporta du lit sur une civière. L’automobile qui la reçut était cette fois si discrète, que son mouvement seul me fit connaître sa nature et sa rapidité.

» J’ai l’impression que le voyage dura plusieurs heures. Après quoi, je fus embarqué dans un wagon qui me sembla rouler indéfiniment. Je n’ai conservé de tout ceci qu’un souvenir très vague. La lassitude