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L’AVENTURE DE JEAN LEBRIS
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tête entourée de pansements. La canonnade s’était éloignée.

» L’odeur pharmaceutique, les murmures environnants, les bruits du dehors… « Une ambulance », pensai-je. Mais moi qui avais trouvé la force de crier dans la prairie, j’étais trop faible maintenant pour dire un mot ; et l’on me posa, en allemand, des questions de circonstance auxquelles je ne pus répondre, bien que leur simplicité me permît de les comprendre.

» Je ne vais pas vous décrire, une à une, mes premières impressions d’aveugle et de prisonnier. Sachez seulement le principal, que voici :

» D’après mes suppositions, j’ai dû parvenir à l’ambulance à la chute du jour. On m’avait placé, autant que je puis l’estimer, dans une salle contenant un grand nombre de blessés. Au silence extérieur comme à la respiration de ceux qui dormaient, je conclus bientôt à la nuit. Une horloge sonnait les heures. Je m’assoupis de nouveau.

» À minuit, je fus réveillé par des pas et des chuchotements. Les mots « Franzose », « Augen », « drei tausend marken » frap-