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L’HOMME TRUQUÉ

rendre compte. Cependant cette chose, maniée, faisait un cliquetis métallique…

L’horizon gronda. La chaleur, abusive, créait l’une de ces ambiances inhospitalières dont le corps humain s’étonne et s’effraie, comme si ce fût là le début des temps irrespirables.

Je pris mon mouchoir pour m’éponger le front ; mon couteau, s’échappant, tomba sur une pierre. Au bruit, Jean Lebris, jailli debout, me fit face.

— Qui va là ? dit-il d’une voix coupante.

Ma stupéfaction ne peut se décrire. Il me regardait à travers la masse opaque du buisson, et ses yeux fixes, ses larges yeux énigmatiques luisaient d’une faible luminescence !

Je ne sais ce qui m’hébéta davantage : de voir dans cette figure ces deux lueurs, d’être fixé par elles malgré l’obstacle qui me séparait de Jean Lebris, ou de constater que cet homme, qui me regardait et dont j’étais l’ami, ne me reconnaissait pas !

— Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? reprit-il d’un ton menaçant. Répondez, ou je tire !