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DANS LA MONTAGNE
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Il se retourna, vit dans la forêt une déchirure claire surmontée d’un petit nuage de fumée, et, avec une atroce divination, compris tout de suite que le malheur était arrivé.

Toute la journée Florent Max chercha la rumeur aux alentours de la ravine, espérant que l’écho n’était que détourné, ce qui manquait de logique. Mais il était incapable de raisonner. Livide, saccadé, le regard éteint, il s’acharnait à sa vaine besogne, affolé comme un homme frappé de bannissement et de solitude à perpétuité.

Coûte que coûte, il s’évaderait de ce silence ! Il retrouverait la rumeur ! À défaut de la cité elle-même, la rumeur était devenue sa raison d’être. Il ne pouvait plus vivre sans cette musique bienheureuse, sans la voix bien-aimée !

Les coups de mine se succédaient. Des quartiers de granit sautaient, projetant des éclats qui stridulaient comme des shrapnells. Enfin, avec le soir, la paix se rétablit. Florent Max continuait fébrilement à questionner le vide.