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LA RUMEUR

jours en lui la ville de mirage, crut la regarder, lilliputienne, par le gros bout d’une lorgnette.

Il méditait fréquemment. Son imagination concrétait le phénomène. Il se représentait la rumeur sous l’apparence d’un faisceau de rayons. La niche de roc s’inclinait un peu sur le plan de la muraille, tournant vers le ciel sa vasque rugueuse. Florent Max voyait les rayons traverser la gorge ainsi qu’un pont audacieux descendant tout droit de la forêt sur cette concavité.

Mais avant la forêt ? Avant de ricocher là-bas sur la cime verte, quel parcours suivaient-ils ? D’où venaient-ils ?

Or, l’endroit de la forêt où l’écho merveilleux rebondissait vers la roche, cet endroit-là fut le point fatal de rupture.

Le tracé de la route d’exploitation comportait la mise en miettes de plusieurs mètres cubes de rocher. On fit jouer la dynamite. Un matin, Florent Max, qui écoutait la rumeur avec une joie infatigable, fut secoué par trois détonations.