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LA RUMEUR

C’était, par malheur, un bavard désespérément sociable. Il profita de l’aubaine pour souffler un instant, posa son sac, roula une cigarette et s’installa en spectateur de l’artiste.

Florent Max tremblait. Il opposa un mutisme farouche aux questions de l’individu, se croisa les bras devant la toile blanche… L’autre, tout déconfit, s’en alla, disant : « Excusez-moi. »

Ainsi, le premier passant venu pouvait surprendre le prodige de la rumeur, la distinguer entre toutes, s’en régaler, publier à tort et à travers qu’un phénomène inexplicable se produisait dans la montagne !… Énervé, Florent Max voyait déjà un quelconque barnum établissant ici même un hall d’audition, — des touristes renversés dans des fauteuils, en rond, le visage encadré par deux petits tubes acoustiques, et tous ces tubes aboutissant au dispositif central, au condenseur-renforçateur, au point géométrique où la cité mystérieuse se manifestait par des sons.

Il achèterait cette ravine ! Il serait propriétaire de cet écho !