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LA RUMEUR

jours, avant que l’ombre fût dissipée. Mais il prévint Marie qu’il rentrerait sans doute fort avant dans la nuit, voulant faire des études de clair de lune dans la montagne.

Il atteignit la ravine au petit jour. Vénus brillait encore. Son cœur battait, il avait dans les membres des froideurs et des crispations, comme un amoureux qui se demande s’il ne va pas trouver porte close.

Il tâtonna dans l’air avec sa tête, blêmit, eut un sourire…

La rumeur était fidèle au rendez-vous. Il l’écouta en regardant l’étoile, et trouva qu’il y avait entre elles une ressemblance singulière et charmante. Mais Vénus disparut, noyée d’aurore, et Florent Max resta seul avec la rumeur. Il remarqua que le matin ne la modifiait pas plus que le soir ne l’avait fait. Aucune impression de réveil, aucune accalmie suivie de reprise, rien de ces fluctuations sonores qui indiqueraient les alternatives du jour et de la nuit à qui écouterait vivre une cité de la Terre. Quelque chose d’éternel.

Le gong résonna. Florent Max tira sa montre. Le gong, régulièrement, faisait