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DANS LA MONTAGNE
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ment de la piste un pavillon avec une chambre suprêmement élégante et un lit de repos pourvu de coussins juste à l’endroit où la rumeur se produisait. Et lui, couché dans la flatterie des satins, l’écouterait, la cigarette aux lèvres…

— Mon chéri, je t’en supplie, parle-moi, dis-moi ce que tu as…

Il allait répondre : « Ce que j’ai, Marie, c’est que je te prie de ne rien dire. Tu as une voix de crécelle, ma pauvre fille ! » Mais il la vit. Elle était restée assise, les coudes sur la table. Elle avait l’air si aimante et si malheureuse… Et puis il songea que sa voix, à lui, quand il parlerait, serait aussi désagréable que celle de Marie. Il eut pitié d’elle, parce qu’il avait grand’pitié de lui-même. Il s’approcha donc, l’entoura de ses bras, et joue contre joue :

— Ma petite Marie, dit-il, pardonne-moi. Je suis un peu méchant aujourd’hui… Vois-tu, c’est que je vieillis de mauvaise grâce.

Mais, à présent, il acceptait de vieillir.

Le lendemain, il partit, comme tous les