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DANS LA MONTAGNE
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pillotait. Le ciel, à chaque instant, se peuplait de tableaux trompeurs, dûs à la réfraction de la lumière sur les couches plus ou moins brûlantes de l’atmosphère. Des oasis apparaissaient, des chaînes de montagnes s’élevaient pour s’effacer dans le moment. Ces mirages étaient tantôt renversés, tantôt droits ; et, parfois doubles, ils nous montraient la chimère d’une rive et de son reflet dans une onde paisible.

L’un d’eux fut si beau que nous y assistâmes comme au spectacle de l’Opéra. Qu’on se représente un décor d’apothéose surgi tout soudain de l’horizon et nous persuadant qu’il y avait là une ville des plus belle où nous allions entrer dans l’éblouissement d’un clair de lune plus lumineux que le soleil. Nous apercevions une terrasse spacieuse dont le mur et les palustres se miraient dans un lac ; et cette terrasse se trouvait encadrée par des édifices d’une architecture aussi gracieuse que surprenante, dont on découvrait une profusion, qui s’étageait à perte de vue dans le fond du mirage. On y remarquait une quantité de coupoles et de tours extrêmement fines