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LA RUMEUR

étincelant à travers un brouillard, la vision en avait surgi dans son enfance ! Il se rappelait ! Il se rappelait !

Il se rappelle. Il a dix ans. Il est assis sur la chaise de velours grenat qui a une bande de tapisserie. Il regarde, dans le vide, la cité merveilleuse. Un livre est sur ses genoux, et l’histoire fantastique y est imprimée. Un livre relié en pleine peau. C’est une relation de voyage. Ah ! voyons : est-ce un livre sérieux, ou un recueil de contes ? Impossible de s’en souvenir… C’est un bouquin tiré de la bibliothèque paternelle, dont le destin est d’être brûlée par les Allemands… Le texte, après trente-cinq ans, il le voit encore très bien. Comment l’avait-il oublié ? Ce fut l’un des enchantements de son enfance !

Voilà ce qui est écrit sur le livre, dans le souvenir de Florent Max :


« … Vers deux heures après midi, notre caravane reprit sa marche. La chaleur était monstrueuse et le désert semblait agité de mouvements marins, tant l’air pa-