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LA RUMEUR

tissant, il interrogea le ciel, la muraille… Pas de fils électriques.

Ce qu’il entendait ressemblait pourtant à ces grandes rumeurs des poteaux télégraphiques chargés de fils tendus. Quand on applique l’oreille contre le bois, on croirait percevoir une émeute lointaine, les clameurs d’un peuple houleux sur une immense place publique, on ne sait où. Florent Max ne connaissait rien de plus impressionnant que cette illusion, et les poteaux télégraphiques n’avaient pas d’auditeur plus assidu que cet artiste puéril.

Donc, il n’y avait ici rien qui pût tenir lieu d’une harpe ou d’un orgue célestes. Il n’y avait que leur musique toute seule, suspendue dans l’air, en un point qui semblait fixe.

La rumeur éolienne filait un accord soutenu, nombreux, composé d’une infinité de fredons agréables. — Oui, elle venait de la droite, indiscutablement. Elle venait de la muraille…

Florent Max avança l’oreille de quelques centimètres dans ce sens ; la rumeur s’éteignit. Il reprit sa place ; elle fit