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LA RUMEUR

L’homme, aux aguets, banda son ouïe et tourna le profil de-ci de-là.

— C’est un peu fort ! dit-il tout haut. Je suis pourtant sûr que ce n’était pas un bourdonnement d’oreille ! Cela faisait le bruit d’un champ de trèfle au soleil…

Et il se mit à fureter en tous sens.

Mais la ravine, plus vaste qu’en apparence, opposait à ses recherches un fouillis tout obsidional de lianes et de ronces. Mieux valait abandonner ces investigations et remonter à l’endroit où la rumeur se laissait surprendre, afin de déterminer avec exactitude la direction de son origine.

Ainsi fut fait. Après quelques tâtonnements, Florent Max retrouva la rumeur ; et ce n’est pas sans surprise qu’il constata l’exiguïté de l’espace où il était permis de la distinguer. Un demi-pas en avant, en arrière ou de côté, et elle disparaissait du champ auditif. Pour peu que la piste eût été moins étroite, que Florent Max eût marché sur l’un ou l’autre de ses bords, ou qu’il eût cheminé en se redressant avec orgueil au lieu d’aller penché sous le poids du