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L’HOMME TRUQUÉ

fort, des armoires, des classeurs et du bureau.

Le lieutenant de gendarmerie l’interrogea presque aussitôt. Et voici, à peu près, ce qu’il en obtint :

— Monsieur le docteur a travaillé hier soir dans son cabinet, comme d’habitude ; quand je suis monté me coucher, j’ai vu de la lumière sous la porte. Je n’étais pas encore endormi, et neuf heures venaient de sonner à Saint-Fortunat, lorsque j’ai entendu le timbre du téléphone. Quelques minutes plus tard, monsieur le docteur a monté l’escalier, et il m’a dit à travers la porte de ma chambre : « Auguste ! Dors-tu ? » — « Non, monsieur le docteur. » — « On vient de me téléphoner de Salamont. La receveuse des postes a une hémorragie. On me dit qu’elle est mourante. J’y vais. Je n’ai pas besoin de toi. Je reviendrai pour minuit. » Et il a ajouté : « Il faut vraiment que ce soit la receveuse des postes, pour qu’on me téléphone à cette heure-ci ! » Là-dessus, il s’est en allé. J’ai vu le jour des phares dans la cour (parce que ma lucarne donne sur la cour), j’ai entendu la voiture