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HANTÉ
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destins et malfaisants qui allaient bouger.

— Diane ! appela le comte pour la deuxième fois.

Mme de Soucy tourna la tête de son côté. Elle eut un frisson, un spasme, une espèce de râle, et voulut échapper à son mystificateur. Celui-ci la retint brutalement. Elle se débattit. Mais, d’un seul bras, il la serrait comme dans un étau. Nous entendîmes la pauvre enfant gémir et suffoquer.

— Lâchez-la ! hurlait M. de Rocroy. Et découvrez-vous !

Un éclair blanc. L’inconnu avait tiré sa grande épée, d’un geste assurément très martial et familier ; puis, soulevant Mme de Soucy pantelante, nous le vîmes rétrograder vers le mur aux tapisseries, en faisant de terribles moulinets.

Alors M. de Rocroy se jette en avant. Un lansquenet creux lui a fourni sa hallebarde. Il charge ! Alors tous arrachent des armes aux panoplies humaines, pillent l’arsenal et se ruent à l’attaque de l’intrus. Les torches répandent une fumeuse lueur d’incendie, l’air chaud sent la résine, la poix et la bergamote. Dans un brouillard rouge, la mêlée