Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
HANTÉ
199

J’entendis le gros capitaine de cuirassiers répondre au duc :

— Ah ! il en est bien capable, l’enragé ! C’est un fameux loustic, allez ! Il m’a fourré dedans avec sa balançoire de « semaine » et d’accident ! Quel type ! A-t-il de la branche ! Regardez-moi ça !

Mme de Soucy, pendue amoureusement au bras de son fiancé, était entré dans son jeu, l’appelant « sire » et lui présentant dames et damerets. Ils passaient. Ah ! la belle petite duchesse d’Étampes, flexible, mignonne, toute de douceurs, de dentelles et de soieries, contre ce géant rigide, dur et froid ! Ah ! comme elle était fière de son grand cavalier qui saluait si bellement de part et d’autre, sans souci de la flamberge qui lui battait le cuissard !

Les danses recommencèrent. M. de Rocroy s’y livra d’un pied léger, nonobstant le poids de sa véture. Il tenait son rôle en conscience et s’obstinait à ne rien dire, pour essayer de prolonger un mystère que tous maintenant avaient percé. Il se taisait, mais on apercevait de loin, par-dessus les têtes, son casque fleurdelisé ; et, toujours embrassé