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CHÂTEAU

Car les maux imaginaires sont les pires.

Cependant, je veillais à son régime. Cela consistait à lui éviter tout excès de fatigue et toute émotion. Dans ce but, je poussai M. de Rocroy à le seconder de son mieux, ce qu’il fit autant que les exigences de son service le lui permirent. Et je bénis le Sort d’avoir fait coïncider les apprêts de la fête avec une période de repos militaire ; car, la brigade ayant manœuvré par exception deux jours d’affilée, M. de Castièvre s’énerva tellement à faire dresser l’échafaud des musiciens, que je dus mettre le holà.

Enfin, voici que tomba, sur un long jour d’été, la nuit, la glorieuse nuit du bal rétrospectif. J’endossai mon accoutrement. Il était à ma convenance, taillé dans un droguet de soutane, avec un rabat de lingerie et un bonnet carré. Cela mis, je ne sais auquel je ressemblais le plus : d’Érasme ou de Rabelais, d’Amyot ou de Montaigne.

Je fus le premier dans la Salle des Gardes. Il n’y avait, pour me recevoir au seuil de