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CHÂTEAU

Ainsi, peu à peu, s’organisait la splendide reconstitution que j’avais inspirée. J’en étais fier, confus et… l’avouerai-je ? ennuyé aussi. Car il fallait bien me déguiser comme tout le monde, et je n’aime guère cela. Je priai le duc de me composer une mise simple, obscure, telle que mes confrères du xvie siècle l’eussent approuvée.

J’étais sans doute seul à faire fi de mon déguisement. Chacun préméditait le sien dans le plus grand mystère. Nul ne voulait trahir le secret de son futur personnage, et l’on s’intriguait à plaisir.

il n’y eut que M. de Rocroy dont nous sûmes d’avance l’avatar. Sa haute taille, sa carrure et sa sveltesse, jointes à ses fonctions de maître de bal, le firent désigner par acclamation pour remplir le rôle de François Ier. On lui représenta qu’il ferait un superbe monarque, avec une fausse barbe, la cuisse dégagée par un maillot collant, le jarret tendu. Il acquiesça sans cérémonie, et ce fut avec une expression indéfinissable, — rêveuse et, somme toute, assez fate, — qu’il reçut des mains de sa fiancée une gravure d’après le portrait du