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CHÂTEAU

l’Armeria Real, tenait donc à la fois du muséum et de l’ossuaire ; et je ne pouvais chasser l’idée qu’en la visitant, je visitais les restes d’ancêtres baroques, les squelettes extérieurs d’une race humaine disparue.

Le duc, lui, ne semblait soucieux que d’étaler une science de l’armurerie que je ne lui soupçonnais pas. Il accablait mon ignorance de nomenclatures et de termes techniques ; il détaillait les harnois pièce à pièce, il m’enseignait le rôle des cubitières, l’emploi du faulcre, et parfois citait le nom des capitaines qui avaient revêtu ces formes et animé ces inerties.

Quelques-uns étaient illustres :

— Bonnivet…, Bayard…, annonçait le duc. Le connétable de Bourbon… Toutes ces armures datent du règne de François Ier… Et, — dit-il avec orgueil, — voici le roi lui-même !

— Quel gaillard ! m’écriai-je.

Le roi, c’était le cavalier du fond. C’était, chevauchant la statue peinte d’un percheron cuirassé de son haubergerie, une armure italienne, noire et damasquinée d’or. Cela