Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
178
CHÂTEAU

sionne ! Je raffole des esprits, moi ! Comment ! Sirvoise serait hanté ? De quelle façon ?

Mais, de sa main levée, qui était longue et blême, le duc m’imposa silence et dit sévèrement :

— Oh ! mon ami, trêve de finasseries, voulez-vous ? Ne me cuisinez pas davantage. Et faites-moi la grâce de croire que le fantôme de Sirvoise ne m’empêche pas de dormir. Je ne suis pas fou. Sachez cela : je ne passe pas mes nuits à écouter s’il rôde le long des couloirs, depuis les douze coups jusqu’au chant du coq. Je vous ai dit la vérité. Mon seul ennui provient de ces médisances, fort peu de chose en somme ! et que, — oui, — que j’ai sans doute enflées…

M. de Castièvre ayant prononcé singulièrement une phrase singulière, je crus devoir continuer un instant sur le même sujet :

— Loin de moi la pensée de vous cuisiner mon cher duc ! (C’est ainsi qu’il aimait que je l’appelasse, en dépit des usages.) Mais je vous atteste que les maisons dites « hantées » ont toujours exercé sur moi l’attrait