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HANTÉ
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— Un morceau de pain, vous dis-je. Parce que Sirvoise passe pour être hanté !

Le duc souriait d’une manière ambiguë. Il poursuivit, sans répondre à mon interrogation muette :

— Alors, voilà maintenant que tout le pays proteste. On dit dans les environs que c’est moi qui ai semé cette fable, monté ce coup, commis cette fraude enfin, pour déprécier le château et l’avoir à bon compte !

— Voyons ! il s’agit là d’une plaisanterie de clubman, tout au plus, — d’un ragot de cercleux médisant, qu’on répète sans y ajouter foi…

— Non, non, je vous assure. Il y a des gens pour m’accuser sous le manteau ; premièrement ceux que j’ai frustés dans leur espoir d’acheter le domaine à plus bas prix encore… et qui riraient bien si je le revendais !… C’est ainsi. Pourtant, Dieu sait si j’ai rien dit, rien fait qui pût accréditer cette histoire de revenant !

Un soupçon me vint, à regarder briller les prunelles de mon interlocuteur.

— Hanté ! — m’écriai-je, feignant d’être au comble de l’intérêt. — Voilà qui me pas-