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L’EXPLOIT
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J’attendis le matin avec une impatience maladive. Je voulais savoir si vraiment Fanny avait suivi de point en point la consigne donnée ; et j’avais grand’hâte aussi, je l’avoue, de retrouver l’asile de sa douceur et de demander à sa compassion l’apaisement de ma détresse.

Au petit jour, incapable de me contenir davantage, je montai l’escalier à pas de loup, ne sachant même pas comment j’expliquerais à Mme Fontan une visite aussi matinale.

La porte de l’appartement n’était que poussée. Je frappai. Un reflet jaunâtre teintait l’arête du chambranle.

Je frappai pour la seconde fois, et j’entrebâillai la porte, ce qui me permit d’apercevoir, au delà du salon, la chambre de la jeune fille, où brûlait encore une lampe.

— Fanny ! appelai-je furtivement. Fanny !

J’entrai sans plus de façons, tout à fait inconscient de mes actes.

La minute d’après, je sus comment on devient fou.

À trois reprises, en l’espace de deux jours, la même désillusion m’avait touché ! Mais,